Participer, c’est comme manifester, juste en plus cool.

 

Une image marque le débat actuel sur les jeunes engagés dans la politique : des milliers d’élèves faisant la grève et manifestant pour une meilleure politique climatique. Indépendamment du thème, cet engagement est très impressionnant. Toutefois, cette approche ne doit représenter que le début de la participation politique des jeunes. La véritable participation transforme les jeunes en des acteurs de la prise de décision politique.
 

Jonas Hirschi, février 2019

Des milliers de jeunes se sont rendus dans la rue au cours des dernières semaines afin de manifester en faveur d’une politique plus écologique. Les manifestations ont connu un grand écho médiatique. L’écolière suédoise et activiste du climat Greta Thunberg est devenue en peu de temps l’icône de tout un mouvement. Les politiciennes et politiciens de tous bords saluent l’engagement des jeunes. Néanmoins, la politique climatique est encore loin d’être efficace dans de nombreux pays. Le même processus s’observe malheureusement aussi souvent lors des sessions des jeunes : les jeunes discutent d’une affaire politique avec des membres du parlement, une pétition ou une initiative est élaborée en commun, puis rien ne se passe. Ces processus représentent un énorme potentiel de frustration pour les jeunes et renforcent l’impression auprès de la jeune génération que rien ne peut être changé. La FSPJ s’engage donc pour que la participation mène à de vrais changements. Les parlements des jeunes doivent recevoir des droits politiques, comme c’est le cas à Köniz ou dans l’Oberland bernois. L’offre easyvote de la FSPJ vise à contribuer à ce que les jeunes ne soient pas sous-représentés dans le cadre des décisions de votations. La plateforme engage.ch permet quant à elle aux jeunes de soumettre en ligne leurs souhaits politiques au niveau communal et de mettre finalement en œuvre ces derniers.
 

La véritable participation politique implique de prendre part aux décisions

La participation politique signifie que les jeunes sont impliqués dans le processus politique. Mais comment fonctionne un processus politique ? C’est très simple : tout d’abord, l’affaire est discutée, puis une décision est prise et, enfin, cette dernière est mise en œuvre et évaluée. La véritable participation politique signifie donc qu’il est possible de participer à toutes les étapes du processus politique. Pour les jeunes, le processus s’arrête toutefois la plupart du temps après la phase de la discussion. Les jeunes ont la possibilité d’exprimer leurs idées et de donner plus de poids à leurs souhaits, comme cela a été le cas avec les manifestations sur le climat. Toutefois, ils ne sont souvent pas en mesure de participer aux décisions. Bien entendu, la participation politique peut aussi être efficace par d’autres moyens, par exemple en renforçant la formation politique des jeunes participants ou en les intégrant dans des domaines sociaux. Néanmoins, une certaine implication des jeunes dans les structures politiques est alors nécessaire, par exemple sous la forme d’un ancrage juridique, d’un soutien financier ou d’une collaboration. Une implication des jeunes ne peut toutefois pas être observée dans le contexte des manifestions sur le climat. Il est également important que la forme de participation corresponde aux besoins des jeunes et que le plus de jeunes possibles puissent participer. Ces critères sont remplis avec les manifestations sur le climat. Sur la base de ces réflexions, la FSPJ classifie les offres de participation dans un graphique en toile d’araignée de la participation. Nous avons appliqué cette méthode sur les manifestations sur le climat. Le graphique prouve que les manifestions possèdent leurs qualité, mais qu’elles ne sont pas suffisantes pour une véritable participation politique.

La « marche à travers les institutions »

La « jeunesse climatique » est souvent comparée aux mouvements de jeunesse des années 1968 et 1980. Les jeunes étaient à l’époque également descendus dans les rues pour présenter leurs préoccupations politiques. Toutefois, ils n’en sont pas restés là. De nombreux « anciens de 68 » se sont portés candidats par la suite pour des mandats politiques et y ont exercé leur influence. Ainsi, le mouvement n’a pas seulement réalisé des changements sociaux, mais il est aussi devenu un acteur politique important. Un de leurs représentants, Moritz Leuenberger, a même été élu au Conseil fédéral. Une des conséquences indirectes des agitations de 1980 a été l’établissement des Verts dans le paysage politique suisse. Les jeunes avaient pris conscience à l’époque que le changement politique véritable ne pouvait être atteint qu’en s’intégrant dans le système politique. Il existe ainsi d’autres possibilités de participation politique. Une manifestation est un bon moyen de montrer que le thème préoccupe un grand groupe de personnes. Toutefois, il s’agit ensuite d’intégrer les revendications dans le processus politique. Une des possibilités offertes aux jeunes, en plus de se porter candidat pour un mandat politique, est de rechercher le dialogue avec les politiciennes et politiciens et donc d’exercer un lobbying pour des préoccupations définies. Certains participants des manifestions pour le climat partagent la même opinion : des événements de lobbying et envois de lettres aux politiciennes et politiciens sont ainsi prévues. Rejoindre une organisation politique telle qu’un parlement des jeunes ou une jeunesse de parti constitue également une bonne occasion de poursuivre l’engagement politique. Dans le cas contraire, l’engagement risque de s’enliser. Cela s’est produit par exemple après les manifestations d’élèves contre la guerre en Irak en 2003.